Après 9 années d’expérience dans le secteur des containers, Cédric Denoyel a l’idée de détourner l’usage de ces-derniers à destination, non plus du stockage, mais de l’événementiel et du logement. Il créé donc la société Capsa Container en 2013, qu’il fait croître pour la vendre en 2019.
Il nous livre son retour d’expérience sur la cession, et nous partage ses conseils pour appréhender au mieux cette opération.
Quelle a été l’élément déclencheur de votre cession ?
Après six années d’existence Capsa Container devait passer un cap nouveau, et je ne me sentais pas de la guider en ce sens. Je me définis comme un start-uper, j’aime prendre une feuille blanche, créer une société, l’amener jusqu’à un stade de maturation que je peux maitriser et où je me fais toujours plaisir. J’aime le démarrage, la sueur et les inquiétudes du départ, le fait que ça ne soit pas facile, que la société soit encore flexible mais aussi intuitu personae. J’ai affiché 100% de croissance chaque année pour atteindre 10 millions d’euros de chiffre d’affaires, pour ensuite chuter à 0% de croissance un an avant la vente. Je n’étais plus l’homme de la situation, il fallait une nouvelle organisation pour Capsa.
Créer une boîte, c’est un peu comme donner naissance.
Vous donnez vie à quelque chose qui va être composé de plusieurs personnes et qui aura sa personnalité, sa culture propre. C’est quelque chose qui prend vie : il faut respecter le fait que cette entreprise puisse, à un moment ou un autre, devoir changer de direction et admettre ne plus être la personne appropriée pour la diriger.
Aviez-vous des préférences quant à la qualité de l’acquéreur de votre entreprise ?
Je tenais absolument à inscrire Capsa Container dans un projet industriel. Je cherchais un repreneur qui puisse assurer la pérennité et la croissance de Capsa tout en partageant ses valeurs et son ADN. Nous avons reçu une proposition d’acquisition 25% plus élevée que celle pour laquelle nous avons finalement opté. Elle provenait d’un important groupe réalisant entre 20 et 30 Milliards d’euros de chiffre d’affaires. J’ai pensé très sincèrement que Capsa allait se perdre dans ce groupe, et que les salariés n’allaient pas forcement être bien accompagnés. J’ai donc préféré un repreneur qui me donnait moins d’argent, mais qui m’assurait plus de suivi et de promesses sur l’avenir de Capsa.
Comment avez-vous préparé votre transmission ?
J’avais déjà anticipé l’après Capsa, en créant H7, un incubateur, un an et demi avant la transmission. Quant aux conseils, j’ai eu la chance d’être parrainé par un membre de ma famille qui m’a mis entre les mains des bons banquiers et avocats d’affaires.
Il est essentiel de s’entourer de conseils de confiance, qui m’ont permis de déléguer les aspects techniques et de me consacrer pleinement à mes activités.
Il est également important de bien préparer son bilan, de bien travailler en amont avec son expert-comptable, afin d’être solide sur ses créances, sur sa trésorerie et sur sa feuille de route. Il est essentiel d’être sûr de vouloir vendre d’une part, et d’admettre que durant plusieurs mois l’activité va être plus difficile à gérer d’autre part. La perte d’un marché, un affaiblissement de votre capacité de financement ou de votre trésorerie, ou encore un défaut de paiement durant cette période cruciale peut refroidir les potentiels acquéreurs.
Il s’agit de processus de vente qui sont complexes, longs, et la moindre impasse peut créer un trou d’air.
Tant que la vente n’est pas signée, tous les signaux faibles doivent être traités. Et c’est là que la notion de conseil devient très précieuse.
Quel a été l’apport de vos conseils au cours de ce processus de cession ?
Sur le plan fiscal, j’avoue m’y être pris au dernier moment pour préparer la réorganisation de mon patrimoine. Mais mon avocat fiscaliste m’a été très utile, puisqu’il m’a présenté un plan de cession très avantageux avec plusieurs options : du réinvestissement, la préparation de la succession pour mes enfants… J’en ai donc profité pour faire une donation à mes enfants.
Concernant mes conseils en fusions-acquisitions, ils ont réalisé un travail de fourmis pour identifier les bons repreneurs, relancer tous les protagonistes et respecter les délais. Ils ont fait preuve d’une rigueur et d’une capacité d’analyse exceptionnelle : ils sont parvenus à trouver 11 potentiels acquéreurs, ce qui est énorme pour une petite structure comme Capsa, qui plus est positionnée sur un marché de niche. Cela nous a même permis à la fin de faire jouer la concurrence en vue du rachat.
Ces conseils ont abattu un travail de titan et méritent largement leurs honoraires.
L’erreur serait de percevoir l’argent que l’on dépense ou que prélèvent les conseils comme de l’argent perdu, plutôt que de le considérer comme un investissement rentable à terme. C’est parce que ces gens-là sont impliqués que l’opération se boucle dans de bonnes conditions.
CONSEILS CLÉS
Choisir un repreneur qui partage vos valeurs et celles de votre entreprise
S'entourer de conseils de confiance
Être sûr de vouloir vendre
Détecter et traiter tous les points faibles de votre entreprise à l'aide de conseils adaptés